Pourquoi les mouvements sociaux ont-ils échoué ? Et comment s’en sortir…

 Cela fait cinq ans que la crise du système ultralibéral a éclaté. Les recettes des économistes officiels ont échoué : d’abord, le transfert des dettes des banques vers les États, puis l’austérité généralisée pour désendetter ces mêmes États. Maintenant, ils gémissent que les politiques ne savent pas relancer la croissance. Les analystes financiers les plus lucides ou les moins hypocrites, comme Olivier Delamarche, annoncent une récession sans précédent, pire que celle de 1929 qui a conduit à la Seconde Guerre Mondiale.

 

Cinq ans, ça a aussi laissé du temps pour réfléchir à ceux qui ne sont pas des financiers, des politiciens ou leurs porte-paroles dans les médias. À quoi sont-ils parvenus ?

 

Les mouvements sociaux déjà existants se sont poursuivis, de nouveaux sont apparus. Souvent marqués par un sceau négatif : anti-nucléaires, anti-ogm, anti-pub, anti-tv, anti-expulsions, anti-fermetures, insoumis, désobéisseurs... Ils se sont rencontrés, ils ont multiplié les forums sociaux. Quelle alternative proposent-ils à l’ultralibéralisme à bout de souffle ? Rien que de très vague, et aucun moyen pour atteindre ce très vague.

 

Il y a de quoi s’interroger sur cette stérilité. Qu’est-ce qui les a empêché, qu’est-ce qui les empêche encore de proposer un autre modèle de société ?

 

Cela tient à l’appartenance sociale des militants de ces mouvements. Très majoritairement ce sont des enseignants, des fonctionnaires, des travailleurs sociaux, des cadres moyens ou supérieurs. Ils sont éloignés des classes populaires, des travailleurs manuels. Cette séparation a été théorisée par le groupe de réflexion du Parti Socialiste, Terra Nova, qui estime préférable de ne plus s’occuper du bas peuple qui serait irrémédiablement réfractaire aux idées progressistes.

Les classes moyennes se sentent d’abord concerné par la qualité de leur vie ­– une nourriture saine, un environnement agréable et préservé, et par la charité aux plus démunis. Elles ont, pour l’instant, été relativement préservées de la crise qu’elles n’ont perçu que par la dégradation de leurs conditions de travail et par les difficultés d’insertion professionnelle de leurs enfants.

 

Les ouvriers ont d’autres préoccupations. Leur existence sociale même est en danger. Ils ont été les premières victimes de la mondialisation, qui est en fait leur mise en concurrence avec les travailleurs les plus exploités du reste du monde. Cette concurrence prend deux formes : celle, traditionnelle, de l’immigration, et celle, nouvelle, des délocalisations. Cela revient au même, du point de vue patronal, au nom de la réduction des couts du travail. Rien d’étonnant à ce que la première préoccupation de la classe ouvrière soit dès lors la sécurité à l’égard de l’étranger.

 

Il y a plus qu’une simple différence entre les aspirations de la classe ouvrière et celles des classes moyennes, il y a parfois opposition d’intérêts. Ce sont les classes moyennes qui, par leur nombre, utilisent le plus de personnel domestique ou pour la garde des enfants, personnel dont les revenus s’alignent spontanément sur ceux du bas de l’échelle sociale. Dans ce cas précis, l'intérêt économique des classes moyennes converge avec celui du patronat. Ce sont elles aussi qui fréquentent le plus les restaurants, où elles trouvent normal que les prix soient maintenus artificiellement bas parce que le personnel n'y bénéficie pas des conditions de travail et de rémunération normales dans notre société. Ce sont elles qui recherchent systématiquement sur internet les prix les plus bas pour les produits manufacturés et les services.

 

Les divergences entre les classes moyennes et les classes populaire sont accentuées par l’étanchéité nouvelle entre elles. Ce que les sociologues ont appelé la panne de l’ascenseur social” a un sens bien précis : il s’agit de l’impossibilité pour les enfants des classes populaires d’accéder à une meilleure position sociale. Il y a quelques décennies, les instituteurs venaient de la classe ouvrière et de la paysannerie. Les grands-parents de Georges Pompidou étaient de modestes agriculteurs, son père instituteur. Il est très difficile aujourd’hui pour les enfants des classes laborieuses de devenir professeurs des écoles, tant à cause de la durée des études que par la méconnaissance des codes sociaux qui régissent ce milieu. La réservation d’un quota de place dans les grandes écoles pour les enfants des banlieues est un piètre palliatif.

 

Le manque de circulation des individus entraine une incompréhension et accentue les divergences entre les classes moyennes et les classes populaires abandonnées par les intellectuels, et qui se tournent soit vers le Front National, soit vers le communautarisme.

 

Il ne s’agit pas ici de dire qui a tort ou qui a raison, de porter un jugement moral, mais de comprendre afin d’envisager une issue possible.

 

Notre société fonctionne au profit d’une oligarchie financière très faible par son nombre et très puissante par sa capacité de corruption, par son contrôle des médias, par sa domination politique. Contre elle, il faut envisager le rassemblement du peuple tout entier, pas d’une seule de ses fractions.

 

Les propositions démocratiques exposées sur ce site permettent de considérer les intérêts et des aspirations des uns et des autres, même si les compromis ne seront jamais faciles.

 

Avec pour objectif d’aboutir à un programme consensuel et sans a priori idéologique, il serait bon de confronter le plus possible des points de vue différents et divergents sur l’immigration, sur le travail clandestin, sur les conditions de travail dans la restauration, le bâtiment ou certains secteurs du textile, etc.

C'est ce à quoi je vous invite.

 

Rémi Castérès

E-mail: remi.casteres@wanadoo.fr Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

 

 

 

 

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